80 N … À la suite du développement de l’utilisation Compte tenu des diérences de coût de trai- Le laboratoire ne s’est pas contenté d’évo- hors AMM de l’Avastin dans le traitement de la tement entre les deux spécialités, toute uti- quer les diérences objectives entre Lucen- DMLA, les autorités publiques de nombreux lisation d’Avastin à la place de Lucentis était tis et Avastin, ni de rappeler fidèlement le pays ont engagé des projets de recherche susceptible d’entraîner un manque à gagner contexte scientifique relatif à l’utilisation visant à tester l’ecacité et les éventuels significatif pour chacun des trois laboratoires d’Avastin. Au contraire, Novartis a présenté eets secondaires associés à la prescrip- concernés : à ses interlocuteurs un ensemble d’éléments tion d’Avastin pour le traitement de la DMLA. • pour Novartis, d’abord, qui reçoit, en tant de comparaison d’Avastin et Lucentis, en que licencié, le produit des ventes de Lucen- s’appuyant notamment sur une présenta- C’est dans ce contexte que les laboratoires tis sur le marché concerné ; tion sélective et biaisée des données scien- Genentech, Novartis et Roche ont mis en • pour Genentech ensuite, qui perçoit, en tant tifiques disponibles, en vue d’exagérer les œuvre un ensemble de comportements que donneur de licence, les redevances des risques liés à l’utilisation d’Avastin « hors (abus de position dominante collective) ventes de Lucentis sur le marché concerné ; AMM » pour le traitement de la DMLA. visant à préserver la position et le prix du • pour Roche enfin, qui, en tant qu’actionnaire Lucentis, en freinant l’utilisation hors AMM principal (puis unique à partir de mars 2009) Cette communication a eu un impact de l’anticancéreux Avastin. de Genentech, profite des bénéfices de ce réel et significatif sur le comportement laboratoire américain. des professionnels de santé, et donc sur la structure du marché. Elle a eu UNE PRATIQUE RAREMENT pour conséquence de limiter l’usage SANCTIONNÉE L’ABUS Le dénigrement de l’Avastin « hors AMM » d’Avastin dans de nom- DE POSITION DOMINANTE Novartis a mis en œuvre une campagne breux établissements hospitaliers, pour COLLECTIVE de communication globale et structurée le traitement de la DMLA et, plus géné- tendant à jeter le discrédit sur l’utilisation ralement, en ophtalmologie. L’Autorité a estimé que les 3 laboratoires d’Avastin en ophtalmologie, en faveur de Par ailleurs, en limitant les prescriptions devaient être regardés comme formant une Lucentis. Cette campagne a ciblé les méde- d’Avastin et en maintenant, de ce fait, « entité collective » au sens du droit de la cins ophtalmologistes, et en particulier les Novartis en position de quasi-monopole, concurrence, compte tenu des liens capita- « Key Opinion leaders » (principaux leaders le discours du laboratoire a empêché listiques croisés et des liens contractuels d’opinion), des médecins reconnus dans leur qu’Avastin puisse servir de compara- qui existent entre eux. On relève en particu- domaine, qui devaient servir de relais au dis- teur pour les autorités en charge de la lier à cet égard les contrats de licence liant cours du laboratoire. Ce discours a égale- fixation du prix des médicaments et que d’une part Genentech et Novartis pour la ment été diusé auprès des associations son plus faible coût justifie une baisse commercialisation du Lucentis, et, d’autre de patients et du grand public. du prix de Lucentis. part, Genentech et Roche pour la commer- Enfin, les pratiques ont eu un effet cialisation d’Avastin. mécanique sur la fixation du prix artifi- ciellement élevé pour la nouvelle spé- cialité concurrente Eylea, alternative au Lucentis. T É • S A N T É • S A N T É • S A N 0202 LEUNNA TROPPAR – fitisop sulp rineva nu regaruocnE T É • S A