59 L’ANALYSE CONCURRENTIELLE Dans son enquête, l’Autorité pointe la grande « agilité » des FinTech pour développer de nouveaux services innovants tout en se sai- sissant des opportunités créées par la régle- mentation. Elle constate, par ailleurs, que les acteurs bancaires traditionnels recourent à diffé- rentes stratégies pour rester en prise avec les segments les plus innovants du marché : Par ailleurs, l’ouverture ou la fermeture de Le risque de remise en cause prise de contrôle via des acquisitions, prises l’accès eectif à l’antenne NFC des smart- du modèle de banque universelle de participation, développement en interne. phones (technologie rendant possible et de marginalisation des acteurs le paiement sans contact par téléphone bancaires traditionnels Enfin, l’avis met en lumière l’arrivée des mobile) a une véritable incidence sur la Si les évolutions en cours dans le secteur des grandes plateformes BigTech, qui disposent capacité des acteurs ayant développé des paiements conduisent à accroître l’ore et à de multiples avantages : solutions de paiement mobile sans contact améliorer la qualité et la diversité des pro- • elles disposent d’une puissance finan- à pouvoir proposer leurs services sur les duits et services proposés à des prix attrac- cière considérable leur permettant d’eec- appareils équipés d’une telle antenne. tifs aux consommateurs, elles sont également tuer des investissements conséquents dans En outre, la préinstallation, dans certains susceptibles de conduire à une modification diérentes nouvelles technologies facilitant téléphones, de solutions de paiement sans profonde du fonctionnement du secteur. Le le développement de solutions de paiement contact mobile (ou la mise en place de rac- modèle de la banque universelle, qui permet innovantes ; courcis ergonomiques facilitant l’accès à d’assurer certains services jugés « non-ren- • elles contrôlent des écosystèmes s’ap- une solution donnée) pourrait présenter des tables » s’ils sont oerts isolément, comme puyant sur de très larges communautés d’uti- risques pour la concurrence, par exemple si le dépôt et l’encaissement des chèques et li sateurs et ont accès à de vastes ensem bles elle conduisait à rendre les consommateurs espèces, pourrait ainsi être remis en cause. de données ; captifs d’un écosystème, et à les exposer S’il apparaît improbable aujourd’hui d’envi- • elles sont en mesure de proposer des solu- ainsi potentiellement à des comportements sager un scénario dans lequel les FinTech tions intégrées permettant un « parcours abusifs. s’émanciperaient entièrement du système client » fluide et performant ; bancaire en créant leurs propres infrastruc- • elles disposent de coûts marginaux plus Un risque lié à la détention tures, il est en revanche clair que, sans dis- faibles que les banques traditionnelles, ce de données par les prestataires poser de l’expérience des banques dans le qui renforce leur capacité à proposer gratui- de services de paiement secteur des paiements, les BigTech maî- tement leurs solutions de paiements ; gestionnaires de comptes trisent, voire contrôlent, certaines techno- • elles s’appuient, pour la réalisation du Dans le cadre de la mise en œuvre de la régle- logies innovantes pouvant, à l’avenir, jouer paiement, sur les acteurs bancaires, sans mentation européenne, il convient de veil- un rôle déterminant dans la chaîne de ser- pour autant être soumises aux mêmes ler à ce que le développement des activités vices. Leur présence dans le secteur des contraintes réglementaires pesant sur eux ; exercées par les prestataires de services paiements pourrait ainsi être renforcée, • elles jouissent d’une forte notoriété faci- d’initiation de paiement et d’information sur notamment via la conclusion de nouveaux litant la fidélisation des utilisateurs. les comptes ne soit pas entravé, notamment partenariats avec les acteurs bancaires. Il par des restrictions rendant moins fluide l’ac- existe ainsi un risque pour les acteurs ban- cès aux données ou aectant négativement caires traditionnels de se voir cantonnés à LES RISQUES IDENTIFIÉS l’expérience des clients ayant recours aux terme à des tâches d’exécution impliquant services proposés par ces partenaires. des coûts fixes importants (charges régle- Un risque de renforcement mentaires, réseau physique, infrastructures du pouvoir de marché Les risques concurrentiels de paiement), tout en étant marginalisés des BigTech et de verrouillage liés à l’utilisation de la blockchain dans la chaîne de répartition de la valeur. des consommateurs Les risques concurrentiels susceptibles de Les données collectées par les BigTech dans découler de l’utilisation de la technologie Avis 21-A-05 du 29 avril 2021 le cadre de leurs activités de cœur de métier blockchain, s’ils ne sont pas spécifiques au pourraient leur procurer un avantage non secteur des paiements, pourraient s’y maté- négligeable dans le secteur des paiements rialiser. Ces risques peuvent relever aussi et, réciproquement, les données collectées bien des règles prohibant les ententes anti- via les services de paiement qu’ils proposent concurrentielles que de celles interdisant les pourraient leur permettre de renforcer abus de position dominante et être le fait encore l’attractivité de leurs plateformes notamment du (ou des) acteur(s) contrô- respectives. lant l’accès à la chaîne de blocs, ou des uti- lisateurs de celle-ci. Découvrir l’avis Visionner en infographies le résumé de l’avis par Isabelle de Silva ACTIVER LA TRANSFORMATION