Pièces de rechange dans la réparation automobile : une avancée majeure pour les consommateurs
Posséder une voiture coûte cher. Outre le prix du carburant, le poste de l’entretien-réparation est lui aussi en constante hausse. En France, les pièces détachées visibles automobiles (ailes, capots, pare-chocs, pare-brise, feux, rétroviseurs…) étaient jusqu’à présent protégées au titre du droit des dessins et modèles et du droit d’auteur. Conformément à ces dispositions, seul le constructeur automobile peut distribuer ces pièces aux différents réparateurs. Mais les lignes bougent et, à partir du 1er janvier 2023, la vente des pièces détachées automobiles visibles sera partiellement ouverte à la concurrence.
Ainsi, l’ensemble des équipementiers auront la possibilité de commercialiser les pièces de vitrage, qu’ils soient de première monte (vitrage pour les véhicules neufs) ou indépendants. Pour toutes les autres pièces détachées visibles (par exemple, les rétroviseurs, les pièces d’optique et de carrosserie), les équipementiers ayant fabriqué la pièce d’origine auront également la possibilité de commercialiser, à côté des constructeurs. Enfin, tous les équipementiers pourront produire et commercialiser ces pièces à l’issue d’une période de 10 ans à compter de l’enregistrement du dessin ou du modèle de la pièce, contre 25 ans aujourd’hui.
L’Autorité se réjouit de cette avancée en faveur des consommateurs et du dynamisme de la filière automobile qui constitue l’aboutissement d’un engagement de longue date sur cette question. Dès 2012, l’Autorité avait en effet recommandé, après avoir étudié le fonctionnement concurrentiel du secteur, de lever, de façon progressive et maîtrisée, le monopole détenu de fait par les constructeurs sur les pièces détachées visibles, en commençant notamment par les pièces de vitrage. L’Autorité avait estimé que cette ouverture à la concurrence conduirait à une baisse des prix de ces pièces tout en assurant un fonctionnement plus efficace du secteur. Dans son avis, l’Autorité avait estimé que la levée progressive de cette protection devrait, à terme, se traduire pour les consommateurs par une baisse moyenne de l’ordre de 6 à 15 % du prix des pièces visibles et qu’elle permettrait également aux constructeurs et aux équipementiers de se prémunir contre un risque d’impréparation face à l’ouverture possible du marché au niveau européen (Avis 12-A-21 du 8 octobre 2012).
Lors du 10e anniversaire de l’Autorité en 2019, le Premier ministre, Édouard Philippe, avait annoncé son intention de mettre en place cette mesure, laquelle a finalement été insérée dans le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience voté au Parlement à l’été 2021. Saisi par les parlementaires, le Conseil constitutionnel a validé le 13 août dernier la loi conduisant ainsi à l’ouverture partielle à la concurrence de ces pièces détachées (Loi n° 2021- 1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets permet l’ouverture progressive à la concurrence des pièces détachées visibles dans le secteur automobile).
Dans le ferroviaire
L’ouverture du ferroviaire pour les voyageurs sur les grandes lignes s’est concrétisée très précisément le 18 décembre 2021, à 7 h 26 avec le départ de la Gare de Lyon du premier train de la compagnie Trenitalia sur les rails français. Cette étape marque la fin du monopole de la SNCF et l’arrivée dans les années qui viennent d’autres concurrents.
Cette ouverture à la concurrence va dynamiser l’ensemble du secteur ferroviaire et permettre aux usagers de bénéficier de billets moins chers et d’offres de services plus variées mais bien plus encore… Ainsi que l’indique Bernard Roman, Président de l’Autorité de régulation des transports, « l’ouverture du marché n’est en aucun cas une fin en soi : en conduisant à une baisse des prix, à une amélioration de la qualité de service et au développement d’innovations, elle constitue, au contraire, un levier potentiellement très puissant d’amélioration et de développement du système ferroviaire, au bénéfice de ses usagers, comme le montrent sans ambiguïté les retours d’expérience des pays européens plus avancés dans ce processus. » (Étude sur l’ouverture à la concurrence des services de transport ferroviaires de voyageurs, édition 2022, ART).
L’Autorité a accompagné cette ouverture en formulant en 2012, dans deux avis concernant l’accès des nouveaux entrants aux gares de voyageurs, des recommandations à l’égard des pouvoirs publics, du régulateur sectoriel et de la SNCF, en vue de permettre le bon déroulement de l’ouverture à la concurrence (Avis 11-A-15 du 29 septembre 2011 sur un projet de décret relatif aux gares de voyageurs et autres infrastructures de services du réseau ferroviaire et Avis 11-A-16 du 29 septembre 2011 relatif au projet de séparation des comptes de l’activité gares de voyageurs au sein de la SNCF).
Les perspectives de cette ouverture à la concurrence ont conduit le secteur à se préparer en le modernisant en profondeur. L’Autorité a accompagné ce processus de réforme, en étant régulièrement saisie par le Gouvernement pour l’éclairer sur l’impact concurrentiel du projet de loi et ses décrets d’application (Avis 13-A-14 du 4 octobre 2013 relatif au projet de loi portant réforme ferroviaire, Avis 15-A-01 du 6 janvier 2015 relatif à des projets de décrets pris pour l’application de la loi portant réforme ferroviaire). De nombreuses recommandations émises ont été prises en compte dans la loi du 4 août 2014 portant réforme ferroviaire.
Au niveau régional, concernant les trains express régionaux (TER), l’ouverture est, elle aussi, engagée. La région Sud a été la première région de France à ouvrir son réseau ferroviaire à la concurrence. Le président de région indiquait à cette occasion « Cette augmentation de l’offre entraînera une augmentation de la fréquentation et donc une augmentation des recettes. C’est un cercle vertueux ! » (Communiqué Région Sud, 25 octobre 2021).